Quand la Terre fut créée, il pleuvait tout le temps. L’eau était un élément si important qu’on appela notre planète : la planète bleue.
Un jour, un jeune explorateur venu de Saturne passa près de celle-ci. Il fut attiré par cette belle couleur et décida d’y séjourner quelque temps. Il n’avait jamais vu de telles étendues d’eau bleues. Il en était si émerveillé qu’il ne pouvait pas s’empêcher de les contempler à longueur de journée. Ainsi, il décida de ramener quelques gouttes d’eau pour les montrer aux habitants de sa planète.
En arrivant chez lui, il était fier et heureux de pouvoir partager son expérience. Il alla voir le roi et sa cour et leur décrivit pendant un long moment la Terre. « Là-bas, disait-il, il y a d’immenses mers d’un bleu magnifique. » Le roi lui ordonna de leur montrer cela. Alors, le jeune explorateur sortit de sa poche le flacon dans lequel il avait mis les quelques gouttes d’eau. Mais, l’eau qui en jaillit était incolore.
Le roi et sa cour se mirent à rire aux éclats et se moquèrent du jeune homme. Ce dernier, sûr de ce qu’il avait contemplé pendant si longtemps, persista à dire que l’eau était bleue et prit la décision de retourner sur Terre pour en ramener davantage.
Personne ne voulut l’accompagner car tous croyaient qu’il mentait, et il faut dire que les habitants de cette planète n’aimaient pas du tout voyager. Ils préféraient rester tranquillement chez eux.
Le jeune explorateur retourna donc, seul, sur Terre et prit cette fois-ci toute une bouteille d’eau. Mais en arrivant chez lui, celle-ci était aussi incolore que l’air. Le roi et sa cour se moquèrent à nouveau de lui.
Le jeune homme, dépité, se mit à pleurer. « Et pourtant, disait-il en gémissant, pourtant je vous assure qu’elle est bleue ».
Tous riaient de lui.
C’est alors qu’une petite voix l’interpella. C’était une petite goutte d’eau qui coulait le long de la bouteille qu’il avait ramenée.
— Tu ne te trompes pas, nous sommes bien bleues, murmura la gouttelette.
— Alors pourquoi ne te vois-je pas de cette couleur ? demanda le jeune homme intrigué.
— C’est parce que nous ne sommes bleues que lorsque nous sommes des milliers : c’est notre multitude qui fait notre beauté. Il ne suffit pas d’un seul coup de pinceau pour faire un beau tableau.
— Mais comment pourrais-je prouver au roi que j’ai raison ?
— Tu ne peux pas, affirma la petite goutte d’eau. C’est à lui d’avoir la curiosité de découvrir la Terre. Bien naïf est celui qui croit connaître le monde sans sortir de chez soi.
Laurence Tixador